Né à Kinshasa à la fin des années 70, Dick Esale est un lecteur assidu de la Bande Dessinée franco-belge qu’il découvre très jeune et dont il imite l’esthétique de la « ligne claire ». Ce graphisme simple cher à Hergé se distingue par sa netteté.
Un passionné de BD
La fin des années 80 correspond à la déferlante Manga. Le dessin japonais le séduit par ses jeux perspectifs parfois extrêmes, sa concision stylistique et sa fantaisie. Il opte pour un dessin simple, de style humoristique. Ses personnages sont typiques des faciès des gamins congolais qu’il croque sans complaisance : grands yeux rond, en rappel de ceux des Manga, nez large et bouche lippue pour souligner des traits devenus archétypaux du visage africain, dans la littérature coloniale.
Il y ajoute sobrement des éléments de décors évoquant la ville de Kinshasa : vendeurs ambulants, problèmes urbanistiques d’une ville à la croissance galopante. Il arrive à l’Académie des beaux-arts de Kinshasa au terme d’études pédagogiques du cycle secondaire.
On est à la fin des années 90. Dick a l’ambition de se spécialiser dans la Bande Dessinée. Hélas, aucune filière n’y mène dans cette institution qui est pourtant la seule qui propose un enseignement artistique de niveau supérieur. Il s’inscrit faute de mieux en peinture mais cette discipline semble l’éloigner de sa passion. Il aime croquer au milieu d’amis causeurs et plein d’admiration devant son adresse et la célérité de ses réalisations.
A l’époque, l’ACRIA (1), une association consacrée à la bande-dessinée organisait régulièrement des salons africains où se rencontraient les illustrateurs et bédéistes du Continent voire quelques artistes occidentaux. Cette grand-messe permettaient aux jeunes créateurs de montrer leurs savoir-faire et de faire la connaissance aussi bien des amateurs, des professionnels que du grand public. Toute une génération de jeunes auteurs et autrices de bandes dessinées s’y découvrait une passion commune. C’était la génération des Asimba Bati, Fifi Mukuna, Kojele, Pat Mombili, Kaddy Kadima, Daddy Gonda, Hallain Paluku etc, mais aussi Thembo Kash.
Apprentissage et carrière professionnelle
Thembo et Barly Baruti constituèrent un tandem très productif autour duquel gravitèrent des artistes plus jeunes. C’est à leur côté que Dick apprend son métier.
Fort de ses connaissances, l’artiste se lance dans la réalisation de BD qu’il publie, notamment aux éditions Elondja (2) où paraît une dizaine de numéros. A l’affût des formations dans le domaine de la bande dessinée, Dick Esale est un habitué des ateliers et des rencontres du 9e art. C’est ainsi qu’il participe au projet Yambi/Congo-Wallonie-Bruxelles en Belgique (2007). Au milieu de la crise économique que traverse la RDC, le créateur au coup de crayon cursif poursuit ses rêves au bout de sa plume, entre autres à travers les formes d’illustrations vouées à la sensibilisation à la demande des associations.
Ce que l’on sait moins bien du personnage
Dick Esale est aussi un bon dessinateur d’accessoires de mode, de bouteilles de parfum, d’automobiles de son cru. Cet aspect design de ce créateur aux multiples facettes échappe au grand public.
Notre souhait est de le voir poursuivre ce filon et publier un carnet d’idées innovantes.
Lire également: La Bande Dessinée, un outil puissant de sensibilisation pour le changement des comportements
Notes
1. Association de Création et d’Initiation à l’Art, dont le centre culturel se trouvait dans un beau quartier de Kinshasa, à MaCampagne.
2. Dick Esale a publié la série Elikia aux Éditions Elonja ainsi qu’une dizaine d’autres BD dans la même édition. Il a aussi produit plusieurs illustrations dans des livres scolaires avec Hachette Livre International entre 2009 et 2012.
Par Patrick Tankama
Source: Patrick Tankama